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100 ans
Steiner

«J’ai toujours construit, il fallait que je construise et si je pouvais recommencer, je construirais encore.»
(Karl Steiner, seul propriétaire de Steiner SA de 1944 à 1988)

1915

1915–1928

«Que Dieu bénisse cet honorable métier.»

Alors que la Première Guerre mondiale fait rage en Europe, la Suisse manque de matières premières, de main-d’œuvre et de nourriture. Au cours de cette période sombre, Carl Steiner crée en 1915 une entreprise de menuiserie. Il travaille d’arrache-pied dans la cave de son beau-père. Treize ans plus tard, il a cinq employés et deux apprentis. L’un d’eux est son fils Karl.

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Carl Steiner a 35 ans, une femme, un enfant et des rêves. Depuis quelques années, il travaille pour le compte d’autrui. Il aimerait bien faire le pas vers l’indépendance. Si seulement il n’y avait pas cette guerre.

Battre le fer pendant qu’il est chaud
Carl Steiner vit avec sa famille dans la maison de ses beaux-parents au N° 92 de la Hönggerstrasse, dans le Zurich Nord. Lorsque, début 1915, il apprend qu’une entreprise en Allemagne recherche un menuisier pour polir et monter des cabines téléphoniques, il saute sur l’occasion: avec une ampoule, un fil électrique et une poêle en cuivre, il fabrique un chauffe-colle et il installe un atelier dans la cave de son beau-père. Dès lors, il travaille à son compte en tant que menuisier.
En 1917, les denrées alimentaires de base sont rationnées à Zurich. En Russie, les communistes arrivent au pouvoir. Mais Carl Steiner a d’autres préoccupations: il lui faut plus de place. Il déménage pour la première fois.

Davantage de machines, davantage de possibilités
En 1918, la guerre est finie. Mais les travailleurs se rebellent. La grève générale suisse se termine par une démonstration de pouvoir de l’armée. L’économie repart peu à peu. En 1920, Carl Steiner doit embaucher un premier employé et redéménage: il loue trois ateliers à Zurich, dans le quartier Milchbuck. Il a enfin assez de place pour mécaniser la menuiserie. À la fabrique de machines Rauschenbach, à Schaffhouse, il achète une raboteuse, une scie à ruban, une machine à fraiser et une ponceuse. Il fabrique un support permettant d’accueillir 30 000 bobines de fil de soie pour l’entreprise Zwicky, des cabines téléphoniques en noyer pour la ville de Zurich et aussi des cercueils, des meubles et des bancs d’église. Ses produits se distinguent par leur qualité et leur précision. Il travaille au millimètre près, et non au centimètre.

Le séchoir pour chambre à coucher
Pour respecter les délais, les employés de Steiner travaillent jusque tard dans la nuit si nécessaire, ils dorment dans le séchoir et se lèvent tôt pour continuer. La protection des travailleurs n’existe pas encore. Les deux fils mettent aussi la main à la pâte après l’école.
En 1928, Carl Steiner reçoit la résiliation du bail de location. Il a alors cinq employés et deux apprentis, dont son fils Karl. Où peut-il aller?

1918, la grogne des travailleurs débouche sur une grève générale, tuée dans l’œuf par l’armée suisse.

1929

1929–1943

Travailler le bois plutôt que faire grève – Steiner poursuit sa croissance.

Le krach boursier de 1929 ébranle l’économie mondiale. Les forces politiques se radicalisent. Carl Steiner est lui aussi radical, mais uniquement dans son exigence de qualité. Il préfère travailler le bois plutôt que faire grève. Lorsqu’il lègue l’œuvre de sa vie à son fils Karl en 1944, l’entreprise compte cinquante employés.

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Des barbelés entourent l’ancien entrepôt de produits chimiques et d’explosifs au N° 226 de la Hofwiesenstrasse, dans le quartier zurichois d’Oerlikon. L’édifice en briques n’a pas de fenêtres, pas de lumière, pas de chauffage, pas d’eau, mais un terrain de 2300 m². Et c’est l’essentiel: Steiner a besoin de place pour se développer.
Le déménagement à Oerlikon se déroule au cours de l’hiver glacial de 1928-29 au cours duquel le lac de Zurich a gelé, phénomène très rare que les Zurichois appellent le «Seegfrörni». Les employés de Steiner montent des portes et des fenêtres, creusent un puisard, installent le chauffage central, la lumière électrique  et le courant à haute tension.

Une grève? Pas chez Steiner!
En 1929, le fils Karl termine son apprentissage dans la menuiserie et poursuit sa formation à l’école des arts et métiers. Il a 18 ans et il fait preuve déjà d’un certain sens des affaires. Il vend du bois à son école pour les cours pratiques et empoche ses premiers bénéfices. En octobre, la bourse de Wall Street s’effondre. Commence alors une crise économique sans précédent. Le chômage monte et la radicalisation politique s’aggrave. En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne. Les événements politiques affectent Carl Steiner un an plus tard avec une grève des menuisiers de deux mois à Zurich. Il compte à l’époque vingt-trois employés. Aucun d’eux ne fait grève. Mais, pour inciter les briseurs de grève à arrêter de travailler, 250 grévistes se rassemblent devant la menuiserie Steiner. Les pierres volent, il y a des bris de verre et un coup de feu se fait entendre. La police doit intervenir contre les grévistes.

Carl et Karl
En 1936, le chômage atteint le chiffre record de 124 000 chômeurs en Suisse. La même année, Carl Steiner inscrit son entreprise au registre du commerce. Son objet social: «Menuiserie mécanisée, fabrication de mobiliers d’école et de magasin, meubles, aménagement intérieur». Trois ans plus tard, Karl fils assume la direction des travaux pour l’aménagement intérieur du nouveau centre de congrès, le Kongresshaus. Pour la première fois, Steiner fait appel à des sous-traitants pour les travaux d’installation et les revêtements de sol. Une idée commence à germer: construire un jour des bâtiments complets clés en main avec l’aide de sous-traitants.

Service actif
Le 1er septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. La Suisse lance une mobilisation générale. En janvier 1940, Karl Steiner prend le commandement de la compagnie de fusiliers III/69. Son commandant de bataillon se souviendra plus tard: «Là où l’on affectait le capitaine Steiner, on pouvait avoir l’assurance qu’il remplirait pleinement son devoir, dans le respect des ordres, sans ordre et, au besoin, à l’encontre des ordres.» Steiner aurait bien voulu poursuivre sa carrière militaire. Mais, à Zurich, une entreprise portant son nom l’attendait.

Le capitaine Karl Steiner en plein point de la situation. L’armée a toujours tenu une place importante dans la vie de Karl Steiner, y compris lors du recrutement de ses employés.

Le capitaine Steiner défile devant Général Guisan avec la compagnie de fusiliers III/69.

Karl Steiner collectionnait activement les œuvres du peintre Ferdinand Hodler. Aujourd’hui, «Etude du menuisier dans son atelier» (1897) est toujours dans la famille.

1944

1944–1948

Un visionnaire qui voit grand: le déménagement à Hagenholz

Beaucoup sont dubitatifs lorsque, en 1948, Steiner déménage la menuiserie à Oerlikon Hagenholz sur des charrettes, car les routes n’étaient en ce temps-là pas encore asphaltées. Lorsque l’on voit grand, il faut de la place. En peu de temps, Steiner transforme ce terrain arable et tourbier en zone industrielle florissante: le site devient le siège de Steiner.

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Le 1er janvier 1944, Karl Steiner prend la direction de la menuiserie paternelle, comptant presque cinquante employés. Au début, cela ne change rien. Steiner père est toujours fidèle au poste tous les matins. Cela tombe bien car Karl Steiner était encore mobilisé. Lorsque le Troisième Reich capitule le 6 mai 1945, l’officier Steiner a servi plus de 1000 jours. De nouveaux défis l’attendent en tant qu’entrepreneur.

Des planches à dessin pour l’armée américaine
L’économie est relancée. Comme son père, Karl Steiner est passionné par la qualité. Mais c’est aussi un vendeur hors pair. Dans l’Allemagne détruite d’après-guerre, sans savoir parler anglais, il cherche à contacter l’armée d’occupation américaine. C’est un succès. Il revient de son déplacement avec, en poche, une commande de 10 000 planches à dessin. Seul problème: la livraison est fixée avant le 1er octobre 1945. Une fois de plus, les dimanches ne sont pas chômés chez Steiner, et même les femmes des employés participent.
Selon Karl Steiner, la menuiserie a un grand potentiel de développement. Il veut proposer aux clients l’aménagement intérieur complet: des fenêtres et portes aux meubles, en passant par la robinetterie et le sol. Pour atteindre son objectif, il lui faut plus de machines, de ressources et de place. Il doit prendre des risques.

Steiner entre dans un no man’s land
Depuis 1928, la menuiserie Steiner est implantée dans le quartier zurichois d’Oerlikon. En 1935, avec la baisse du niveau de la rivière Glatt, la ville de Zurich instaure les conditions nécessaires d'une nouvelle zone de développement en périphérie. C’est ici, à Hagenholz, que Steiner achète peu après la guerre un vaste terrain constitué de terres arables, tourbières et marais. Beaucoup étaient dubitatifs, car le terrain est très éloigné de la zone industrielle d’Oerlikon au sud de la gare et des clients zurichois. En outre, il n’est pas du tout aménagé: là où se trouve aujourd’hui la Hagenholzstrasse coulait encore le Leutschenbach. Mais Karl Steiner est optimiste car il sait que s’il s’y installe, d’autres lui emboîteront le pas. Et les routes seront asphaltées.
Le déménagement se fait à l’automne 1948. Dès qu’un travail est terminé sur une machine, celle-ci est transportée dans une charrette jusqu’à la nouvelle menuiserie, deux kilomètres plus loin : Steiner fait construire un immense atelier pour l’usinage du bois, comprenant des ateliers de coupe et de placage, un silo à copeaux et, à côté, un petit bâtiment pour les bureaux.

On voyait encore des prix, à l'époque! Un livre de caisse datant de 1944.

1949

1949–1961

Steiner devient une entreprise générale

Karl Steiner a une idée derrière la tête: au lieu de laisser les maîtres d’ouvrage se démener avec les architectes, les notaires, les menuisiers ou les électriciens, il veut leur livrer des constructions clés en main. Il veut une entreprise générale. Ce concept est nouveau en Suisse. Et c’est le début d’une nouvelle époque pour l’entreprise Steiner. 

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Karl Steiner sent les besoins des gens. Symboles du boom économique, les salons de coiffure et les parfumeries se développent. À Bâle, il rachète une entreprise spécialisée dans les équipements pour salon de coiffure et il devient leader sur le marché. De Zurich à Bâle, sans oublier Lugano et Genève, il aménage des salons.

Le boom de la grande distribution
L’aménagement des magasins connaît un essor encore plus fulgurant. Un client en particulier sollicite beaucoup Steiner: Migros. En 1948, Migros ouvre à Zurich le premier magasin libre-service en Suisse. C’est un succès retentissant. Jusqu’en 1966, Migros ouvre 460 filiales équipées avec les rayonnages brevetés «Steka» de Steiner. À partir de 1961, le matériel métallique complémentaire pour l’aménagement des magasins est fabriqué à Limbiate (Milan), où Steiner fonde sa première filiale à l’étranger. Celui-ci maintient la tradition: avant de partir en Engadine pour les vacances d’été, ses deux fils, Peter et Ulrich, doivent travailler à l’usine, pour CHF 2.40 par heure, pendant deux semaines.

Le premier bâtiment
Cependant, la plus grande ambition de Steiner dépasse l’aménagement de n’importe quel magasin: il veut devenir une entreprise générale et construire des maisons de A à Z, tout comme Ernst Göhner l’avait tenté dans les années 30 et tel que cela se fait depuis longtemps aux États-Unis. Les maîtres d’ouvrage doivent pouvoir lui «commander» des bâtiments clés en main. Avec des prix et des délais garantis. Et ça, Steiner sait le faire: coordonner, déléguer, diriger et décider. Il l’a déjà prouvé à l’armée.
Lors du déménagement à la Hagenholzstrasse, Steiner découvre en 1947 un vaste terrain à bâtir à la Talstrasse, à proximité de la Paradeplatz de Zurich. Mais personne ne veut conclure de contrat d’entreprise avec un novice. Avec un partenaire, il achète le terrain et fait construire le premier bâtiment commercial. Il est aussitôt loué et remporte le prix des «bâtiments de qualité de la ville de Zurich».

Les premiers 18 millions
Steiner demande des crédits bancaires pour acheter d’autres terrains à bâtir dans les quartiers zurichois Enge et Wollishofen. En 1953, il vend les quatre lotissements pour un montant de CHF 18 millions à un fonds d’investissement. Il réinvestit l’argent pour construire 600 logements sur une énorme parcelle dans le quartier zurichois d’Affoltern. Il baptise la rue d’accès «Schumacherweg» du nom de son grand-père maternel.
Les constructions de Steiner se distinguent par un excellent rapport qualité-prix, une qualité optimale et des plans modernes. Mais il doit aussi son ascension au boom des années d’après-guerre. Entre 1947 et 1970, le canton de Zurich double son parc de logements. Jamais la ville n’avait compté autant d’habitants qu’en 1962: 445 000.

Nez creux: en 1956, Steiner construit 600 appartements à Affoltern dans la banlieue de Zurich. Peu de temps après, le village devient un quartier de la ville.

Sur un chantier Steiner à Lucerne. Les ouvriers ne portent pas encore de casque. Le port du casque est devenu obligatoire en 2000 seulement.

1962

1962–1966

Scandale à Saint-Moritz! Un citadin construit un hôtel

Lorsque Karl Steiner se présente en pantalon élimé à la station de Corviglia à Saint-Moritz, il est la risée de tout le monde. Il prend sa revanche en 1963 en y construisant son propre hôtel. En 1965, à l’occasion du 50e anniversaire de l’entreprise, il publie une étude sur la construction des hautes écoles. Là encore, il est félicité par les professeurs, les journalistes et un conseiller fédéral.

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Karl Steiner aime l’Engadine. Il passe chaque été avec sa famille à Pontresina, point de départ de grandes randonnées qu’il fait avec ses fils. Un jour, alors qu’il se trouvait à la station de Corviglia (Saint-Moritz) avec son fils Peter, des gens s’étaient moqués de son pantalon rapiécé de Manchester.

Des ouvriers à Saint-Moritz
Peu de temps après, Steiner construit un hôtel à Saint-Moritz avec son propre logement au dernier étage. Pas un hôtel de luxe (il y en a bien assez), mais un hôtel quatre étoiles moderne au design scandinave. Un vent de démocratie souffle sur ce lieu de villégiature mondain. Les hôteliers installés de longue date ne voient pas cela d’un bon œil. Le Crystal Hotel se voit dans un premier temps exclu de l’association locale des hôteliers. Les clients viennent tout de même en masse, y compris les employés les plus fidèles de Steiner. Le patron offre à ses employés un séjour de trois semaines pour deux personnes au Crystal Hotel pour leur 30e anniversaire dans l’entreprise. On peut ainsi croiser des menuisiers, des ouvriers et des serruriers à Saint-Moritz.

Nous avons beaucoup à faire, plus que jamais
À Zurich, le patron annonce: «Nous avons beaucoup à faire, plus que jamais.» Le développement formidable de l’automobile favorise une grande tendance, celle de s’installer à la campagne. Le nombre de personnes actives qui font la navette est multiplié par deux entre 1950 et 1970 pour atteindre 29 %. L’agglomération augmente. Rien qu’à Effretikon, Steiner construit 750 logements pour 2500 personnes. Pour l’anecdote, à la Dufourstrasse, Steiner construit le premier parking mécanique de Zurich.
En outre, Steiner reçoit deux commandes importantes de la Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents (Suva): pour la construction du nouveau centre administratif à Lucerne et la construction d’une clinique à Bellikon. Une maquette détaillée de la clinique étant exigée dans les plus brefs délais, Steiner fait appel à des maquettistes externes. Le plus rapide peut la livrer en trois mois. Les maquettistes et les menuisiers de Steiner la feront eux-mêmes: onze jours plus tard, la maquette est présentée lors d’une conférence de presse.

Une étude pour le peuple
En 1965, l’entreprise Steiner fête ses 50 ans. Au lieu de se féliciter, Steiner offre au public une étude de 400 pages sur les «problèmes actuels que pose l’extension des hautes écoles». Il y expose avant tout les nouvelles possibilités de la construction rationnelle. Un conseiller municipal loue «le grand service que vous avez rendu à Zurich et à l’enseignement supérieur avec votre publication». Un professeur pense «n’avoir encore jamais lu un écrit rédigé pour une telle occasion aussi intéressant, passionnant et, dans un sens, révolutionnaire que cette publication». Un conseiller fédéral estime «qu’aucune entreprise privée n’avait encore publié une analyse aussi approfondie et poussée sur un sujet ne la concernant pas directement».

L’agglomération de Zurich s’agrandit. Aujourd’hui, la modernité des plans des appartements du «Vogelbuck» à Effretikon fait toujours des adeptes.

Pour son 50ème anniversaire, Steiner dévoile au public une étude innovante: « Problèmes actuels que pose l’extension des hautes écoles ».

Une curiosité: Steiner construit le premier parking mécanisé de Suisse à Zurich.

1967

1967–1973

Balsberg, boom et rébellion

Luxe, exotisme et un brin d’érotisme – Dans les années 60, aucune entreprise suisse n’est plus attrayante que Swissair. Avec la construction du siège de Swissair, Steiner accède au sommet dans son domaine. C’est donc en toute logique que Steiner construit le bâtiment le plus haut de Zurich en 1972. Dans le secteur de la construction, les investissements atteignent également des sommets. Mais la situation s’envenime au Proche-Orient.

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1967 est une année brillante pour Steiner. La construction du nouveau centre administratif de Swissair, connu sous le nom de «Balsberg», est un beau coup de pub pour Steiner. D’une part, le projet d’acquisition du terrain et de raccordement aux voies de communication jusqu’à la réalisation des travaux avec plus de 300 sous-traitants a été extrêmement exigeant. D’autre part, l’architecture du bâtiment est convaincante. Elle rappelle l’époque moderne américaine, bien que le cabinet d’architectes de Steiner, le plus important de Zurich à l’époque, soit le seul responsable des projets. Sans vouloir se vanter, Karl Steiner peut affirmer en 1968 à ses collaborateurs: «Notre entreprise générale est aujourd’hui l’une des plus estimées de toute la Suisse.»

«La trempe d’un pionnier»
Mais soudain, en plein boom économique, les jeunes se rebellent. D’abord aux États-Unis, à Paris et à Berlin, puis à Zurich lors du «Globuskrawall». Le dirigeant de l’entreprise est déconcerté. «Jamais la haine et le mécontentement n’avaient été les fondements d’un meilleur avenir», écrit-il dans le journal d’entreprise.
Karl Steiner ne s’exprime pas sur l’introduction du droit de vote des femmes en 1971. Il fête ses 60 ans en toute simplicité dans son pavillon de chasse. La NZZ célèbre le patriarche qui a tout de «la trempe d’un pionnier».

Steiner touche le ciel
La croissance est sans fin. En vingt ans, le nombre d’habitants dans le canton de Zurich passe de 777 000 (1950) à 1 107 000 (1970) et le revenu réel augmente de 214 %. Chez Steiner, c’est l’effervescence, y compris les samedis. Steiner construit le bâtiment le plus haut de Zurich, l’Hotel International, de 85 m de hauteur, à proximité immédiate de la gare d’Oerlikon et, en 1973, le siège social d’IBM sur le Quai Général-Guisan, à Zurich.

Et soudain, la crise éclate
La situation s’envenime au Proche-Orient. En réponse au soutien apporté par les États-Unis et l’Occident à Israël dans la guerre du Kippour, les États arabes réduisent la production de pétrole. Le prix du pétrole explose: c’est le début de la crise du pétrole. Pour les 205 logements du lotissement Talacker à Uster, Steiner ne trouve pas d’acheteurs.

Aperçu d’un panneau de chantier typique de la société Steiner – ici avec la construction de l’hôtel International (aujourd’hui Swissôtel) en arrière-plan.

Le contremaître surveille la soudure des fers à béton. Au total, 305 piliers seront bétonnés pour la construction du Balsberg.

A la fin de l’année 1973, la circulation est interdite durant trois dimanches à cause de la crise du pétrole.

1974

1974–1978

La crise s’aggrave

La crise du pétrole affecte particulièrement l’industrie suisse de la construction: 40 % des travailleurs perdent leur emploi. Sauf chez Steiner: pas un licenciement, pas même de travail à temps partiel. En 1975, Steiner emménage dans le nouvel immeuble de bureaux et, en 1978, il achète l’entreprise leader de la rénovation. Avec l’initiative contre l’emprise étrangère, les alarmistes mettent les nerfs de Karl Steiner à rude épreuve.

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Normalement, Karl Steiner n’exprime pas ses opinions politiques à ses employés: cela va à l’encontre de ses principes. Mais où est la normalité dans ces drôles d’années 70 qui ont commencé si haut pour sombrer ensuite dans la crise économique la plus profonde depuis la Seconde Guerre mondiale? Et maintenant, ces oiseaux de mauvais augure avec leur initiative contre l’emprise étrangère veulent chasser un demi-million d’étrangers de la Suisse.

Jamais sans nos étrangers
Quelle est leur idée? 170 000 logements se retrouveraient vides d’un seul coup: une catastrophe pour le secteur de la construction. Sans compter que, chez Steiner, environ 50 employés étrangers qualifiés devraient faire leurs valises. «Nos étrangers», titrait le journal du personnel en 1974. Steiner exprime alors à ses employés étrangers «son entière confiance» et met en garde ses autres employés contre l’adoption de cette initiative dont les conséquences économiques seraient également désastreuses pour Steiner. En 1974, l’initiative est rejetée: Steiner respire à nouveau.

Bienvenue Unirenova!
Un an plus tard, Steiner s’installe dans le nouvel immeuble de bureaux. Enfin, plus de place! 3950 m² pour être précis, soit deux fois plus qu’avant. Le bâtiment bleu de 20 m de haut est le symbole de l’ascension de Steiner SA, que même la crise ne peut arrêter. Chez Steiner, on ne déplore aucun licenciement, pas même une journée de travail à temps partiel. En 1976, Steiner livre les 455 logements du grand lotissement «Grünau» dont les maîtres d’ouvrage sont majoritairement des coopératives. Deux ans plus tard, Steiner consolide son service de transformation et rénovation avec l’acquisition d’Unirenova. L’ancienne filiale de l’entreprise de construction de cuisines Bruno Piatti est spécialisée dans la réhabilitation de logements. Steiner sait bien que les lotissements de l’après-guerre devront être rénovés peu à peu et il a désormais le savoir-faire et les compétences pour s’atteler à cette tâche. 

La piscine la plus spectaculaire de Zurich dans les années 70: au dernier étage de l’hôtel International (aujourd’hui Swissôtel).

Steiner construit un ensemble immobilier destiné à accueillir quatre coopératives et 2600 habitants: le Grünau dans le quartier de Zurich-Altstetten.

Le siège de la FIFA se trouve à Zurich depuis 1932. Steiner a construit leur nouveau siège en 1978.

1979

1979–1983

Franchir la barrière de rösti

Steiner sort renforcée de la crise économique des années 70. En 1979, l’entreprise générale ouvre sa première filiale en Suisse romande et construit, dans la foulée, une «Megastructure» Quai du Seujet. Steiner doit faire face à une atmosphère de plus en plus hostile aux nouvelles constructions.

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On dit de Karl Steiner qu’il a investi uniquement dans des choses qu’il comprenait vraiment. Comme ce principe s’applique avant tout à la compréhension d’une langue, Steiner a eu pendant longtemps du mal à se développer en Suisse romande: en effet, il ne parle pas français. Ce n’est qu’en 1979 que Steiner ouvre sa première filiale à Genève, de l’autre côté de la barrière de rösti. Peu de temps après, l’entreprise générale entreprend la construction de la «Megastructure» Quai du Seujet, un projet visionnaire à l’époque avec des logements et des bureaux, au centre de la ville, sur les berges du Rhône. En 1984, Steiner s’y installe également.

Faire des économies avec Steiner
Pendant ce temps, à Zurich, on peut lire un gros titre pas commun. Alors qu’il est souvent question du dépassement des coûts dans les projets de construction publics, à la une de la NZZ du 12 février 1980, on peut lire: «Réduction des coûts de CHF 5 millions». Il s’agit du nouveau centre de loisirs et de sports Schluefweg à Kloten. On doit la remise de 20 % en faveur de la ville de Kloten à l’entreprise générale Karl Steiner.

Steiner devient une SA
Le 1er janvier 1980, l’entreprise Karl Steiner devient une société anonyme au capital-actions de 50 millions. Un petit pas pour l’entreprise mais un grand pas pour Karl Steiner. «Maintenant, je suis mon propre employé», déclare-t-il avec défiance. Cette transformation juridique était nécessaire en raison de la taille de l’entreprise et de la réglementation en matière de succession.

Steiner sollicite un changement d’affectation.
Karl Steiner a 69 ans. Mais le «patriarche de la vieille école» (Bilanz) continue à diriger seul le conseil d’administration. Ce n’est qu’en 1984 que son fils Peter et un de ses gendres le rejoignent. Comme toujours, il arrive à 6h30 au bureau et, comme toujours, il lutte pour défendre ses idées en matière de politique de construction. En 1980, lorsque Migros peut enfin ouvrir le centre commercial Neumarkt, après vingt-deux ans de planification dans le quartier zurichois d’Altstetten, Steiner peste: «Construire demande du temps mais préparer les travaux, une éternité.» Dans la NZZ, il demande publiquement une simplification de la procédure de demande de permis de construire et un changement d’affectation des anciennes zones industrielles. Une demande visionnaire qui deviendra réalité quinze ans plus tard avec l’ouverture de la zone de développement Zurich West.

Les contribuables peuvent se réjouir: pour la construction du Schluefweg à Kloten, Steiner a économisé 5 millions de Francs!

Les élégants travaux d’agrandissement de la SBV (aujourd’hui UBS). Steiner avait fait appel à l’architecte Werner Gantenbein en 1967 pour la construction du premier bâtiment.

1984

1984–1989

«Zurich est bâtie» – Steiner à contre-courant politique

Interdiction de construire des immeubles et refus des permis de construire. Sur le marché local de Zurich, construire devient très difficile pour Steiner. En 1988, Karl Steiner décède. Son fils, Peter, et son gendre, Heinrich Baumann-Steiner, reprennent l’entreprise. Un an plus tard, la chute du Mur de Berlin annonce une nouvelle ère.

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Les constructions hautes échauffent tous les esprits. Elles sont bien acceptées en période faste mais deviennent le symbole de la démesure en temps de crise. En 1966 déjà, Steiner construit la première tour: un bâtiment de 37 m de haut, près de la gare de Wollishofen. Six ans plus tard, à l’apogée du boom de la construction, Steiner construit le bâtiment le plus haut de Zurich: l’Hotel International, près de la gare d’Oerlikon.

Toujours plus haut malgré l’arrêt des travaux
La crise des années 70 affecte la confiance des gens dans le progrès. En 1984, notamment, les Zurichois approuvent une initiative populaire interdisant la construction d’immeubles de grande hauteur dans Zurich. Au contraire, dans la Genève internationale, on note la construction de tours remarquables et bien placées, comme le siège de Procter & Gamble, par Steiner.
Mais Steiner a de la chance dans son malheur. La demande de permis de construire de la tour Schanzenbrücke a été déposée à temps. Les travaux de construction de la «dernière tour de Zurich» commencent donc en 1985. La méthode est complexe, avec travaux d’excavation et d’achèvement sous couverture, à 22 m de profondeur et 50 m de hauteur.

Jour de fête dans la nouvelle halle de production
Un an plus tard, Steiner ouvre sa nouvelle halle de production à Hagenholz. Celle-ci assure un flux informatisé de production pour la construction des fenêtres et des façades, la menuiserie et la serrurerie. Mais avant d’installer les machines de perçage et d’alésage, une fête surprise est organisée pour les 75 ans de Karl Steiner.
Le magazine économique «Bilanz» publie un portrait original de Karl Steiner pour son anniversaire. Dans cet article, l’entrepreneur se lamente: «À Zurich, on ne peut tout simplement plus construire.» Deux ans plus tard à peine, la conseillère municipale Ursula Koch confirme avec sa fameuse phrase: «Zurich est bâtie.» En 1988, elle refuse également le permis de construire du grand projet de Steiner «Utopark».

La mort du patriarche
Karl Steiner ne survit pas à ce revers. Le 12 avril 1988, il meurt subitement dans un lit d’hôpital d’un arrêt cardiaque et sans une journée d’inactivité. Du Karl Steiner tout craché. Il laisse derrière lui une veuve et quatre enfants. Le fils, Peter, et la fille, Esther Baumann-Steiner, se partagent l’entreprise ; Peter Steiner et son beau-frère, Heinrich Baumann-Steiner, reprennent la direction opérationnelle.
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe. Une nouvelle ère commence. Avec de nouveaux défis et de nouvelles opportunités, y compris pour Steiner.

En 1984, Karl Steiner fait entrer son gendre Heinrich Baumann-Steiner et son fils Peter Steiner au conseil d’administration de la société Steiner SA.

Les activités industrielles de Steiner tournent encore à plein régime : la nouvelle halle de production inaugurée en 1986.

1990

1990–1998

Fuite en avant – Steiner se développe à l’étranger

Les années fastes sont terminées. La pression de la concurrence se durcit, les activités industrielles de Steiner diminuent et une crise immobilière s’annonce. Dans ce contexte, le nouveau duo à la direction décide d’aller de l’avant: se développer à l’étranger.

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Avec la mort de Karl Steiner en 1988, le temps de l’entreprise générale puissante s’achève. La concurrence est toujours plus importante, les marges plus réduites et les règles plus contraignantes. En outre, les taux d’intérêt réduits après le krach boursier de 1987 font peser le risque d’une bulle immobilière. Lorsque la Banque nationale ferme le robinet en 1990, la crise immobilière frappe le pays. Les dépenses dans la construction dégringolent de CHF 65 milliards (1990) à 45 milliards (1997).

La croissance par l’expansion
L’entreprise Steiner SA est à la croisée des chemins. «Atrophie ou croissance», telles sont les alternatives selon Steiner et Baumann-Steiner dans un éditorial rédigé en 1990. Ils optent pour la croissance, mais uniquement à l’étranger. En Allemagne, Steiner SA achète l’entreprise générale Infratec, spécialisée dans la construction de centres informatiques de la fameuse Nixdorf Computer AG et fonde Steiner Infratec. En 1990, Steiner devient donc un groupe de construction international avec une structure de holding. Deux ans plus tard, Steiner s’assure, pour un montant d’USD 15 millions, 22 % des parts de l’entreprise totale américaine Turner Construction, où Peter Steiner a fait un stage dans les années 70. Grâce à la fondation de la joint venture Turner Steiner International, Steiner a accès à un marché de la construction en plein essor au Moyen-Orient.

Le plus grand chantier d’Europe
À Berlin, dix grues s’élèvent déjà sur le plus grand chantier d’Europe. Steiner Infratec construit les «Friedrichstadt-Passagen». Unirenova ouvre également une filiale à Berlin. Après des décennies de mauvaise gestion, les nouveaux Länder ont un grand besoin de rénovation. Avec la fondation de Sogelym-Steiner SAS en 1994, Steiner renforce sa présence chez le deuxième voisin le plus important - du point de vue économique - de la Suisse: la France.
En Suisse, le chiffre d’affaires reste à un niveau élevé. En 1993, le service de transformation et rénovation dégage un chiffre d’affaires record. Un an plus tard, il termine son projet le plus spectaculaire: le Widder Hotel au cœur de Zurich, un hôtel de luxe construit dans des maisons médiévales. En 1997, Steiner reçoit la commande de réaliser le plus grand chantier de la Confédération pour l’époque: la 3e étape de l’ETH Hönggerberg, d’une surface de 80 000 m².

Retour à l’activité de base
Les activités industrielles restent la préoccupation majeure. Steiner doit réduire les effectifs et, en 1998, vend les divisions Fabrication de fenêtres et Construction de façades. Steiner se retire aussi progressivement de l’Allemagne et de l’Italie. Steiner veut concentrer tous les moyens disponibles sur les principales compétences comme «Total Service Contractor»: la prise en charge de biens immobiliers sur la totalité de leur cycle de vie. 

Au milieu des années 90, avec sa filiale Steiner Infratec, Steiner construit les passages de Friedrichstadt en plein cœur de Berlin.

1999

1999–2008

Plus important, plus haut et plus difficile

Le nouveau millénaire commence avec des superlatifs. En 2000, le bâtiment le plus haut jamais construit par Steiner touche le ciel de Dubaï. Quatre ans plus tard, Steiner donne le premier coup de pioche du plus grand édifice réalisé: la Sihlcity. Lorsque Steiner prévoit son introduction en bourse en 2007, la crise financière éclate. Une page se tourne.

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Peu avant le changement de millénaire, on se met soudainement à parler en suédois dans les bureaux de la direction de Steiner. Pas moins de trente experts-comptables externes copient les disques durs, passent en revue les dossiers et réalisent des entretiens. L’entreprise de construction suédoise Skanska veut obtenir une participation majoritaire de 70 % dans Karl Steiner SA. Au dernier moment, les négociations échouent en vertu de la Lex Friedrich: Steiner détient des immeubles dans son portefeuille que des étrangers ne peuvent acquérir. La succession au sein de la maison Steiner est donc plus ouverte que jamais. Après l’annonce d’Esther Baumann-Steiner qui souhaite quitter l’entreprise familiale, Peter Steiner devient le seul propriétaire de Steiner SA.

Un gratte-ciel à Dubaï
Un autre rachat se déroule avec succès: en 1999, l’entreprise allemande Hochtief acquiert Turner Corporation pour un montant d’USD 370 millions. Peter Steiner a orchestré l’opération au WEF. Lors du rachat, Steiner vend les participations à Turner et dissout Turner Steiner International. L’apogée de la joint venture, qui sera aussi son point final, est matérialisé par les Emirates Towers inaugurées en 2000 à Dubaï. D’une hauteur de 355 m, ces bâtiments sont les plus hauts construits par Steiner en coopération avec d’autres entreprises.

Un autre projet urbanistique qui ne manque pas d’envergure est également en cours à Zurich: Eurogate, un complexe au-dessus des voies de la gare, incluant un lotissement au sud-ouest, d’un montant d’environ CHF 1,5 milliard. Steiner assure la direction du projet. Principal investisseur, UBS est également de la partie et les CFF s’apprêtent à signer le contrat. Finalement, un différend au sujet des places de stationnement et une position ambiguë des CFF font capoter le projet.

La Sihlcity: une prestation magistrale
Après un litige de treize ans avec la ville de Zurich, le Tribunal fédéral décide que Steiner peut construire le complexe de bureaux «Utopark». Cependant, plus personne n’a besoin de bureaux au sud de Zurich. Avec l’architecte Theo Hotz, Steiner développe un nouveau projet: d’un volume d’investissements de CHF 600 millions, la Sihlcity, centre commercial et de loisirs, sorte de «cité dans la cité», constituera le meilleur projet jamais conçu, construit et vendu par Steiner en tant qu’entreprise totale. 2004, premier coup de pioche ; 2007, inauguration ; 2013, remise de prix. Ironie de l’histoire, la Sihlcity se voit décerner par la ville de Zurich le prix des «bâtiments de qualité».

Le zénith du succès
En 2006, Steiner dégage un chiffre d’affaires record de plus de CHF 1,5 milliard. Entre 2001 et 2006, les effectifs passent de 321 à 532. Derrière l’entreprise cotée en bourse Implenia, Steiner est désormais la deuxième entreprise totale suisse. Au milieu de l’année 2007, les conditions semblent être propices pour une introduction en bourse. C’est précisément à ce moment qu’éclate la crise des subprimes aux États-Unis. L’introduction en bourse est annulée. Une nouvelle page se tourne.

WEF 2000: Bill Gates, fondateur de Microsoft, et Peter Steiner en pleine conversation. Pendant plus de 20 ans, Peter Steiner a été invité au forum économique mondial (WEF).

Steiner a mené de nombreux projets au Moyen-Orient avec Turner Steiner International – ici les tours jumelles Emirates Towers à Dubaï.

2009

2009–2015

Un nouvel actionnaire majoritaire pour Steiner SA

En 2010, Peter Steiner vend la majorité des actions de Steiner SA à la société indienne Hindustan Construction Company (HCC). L’idée derrière cette opération : Peter Steiner règle sa succession et Steiner SA apporte son savoir-faire à HCC. Toujours plus haut, et pas seulement avec la Prime Tower, le bâtiment le plus haut de Zurich en 2011.

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La crise financière est une crise globale. Elle affecte Steiner SA à Zurich, mais aussi Hindustan Construction Company (HCC) en Inde. L’entreprise générale a construit la plupart des tunnels en Inde, 10 % des routes nationales et de nombreuses centrales électriques. Cependant, il est désormais difficile de trouver des investisseurs, en particulier pour les projets d’infrastructure. HCC veut se diversifier.

L’Inde, un marché en croissance
Peter Steiner est informé de ces projets. Depuis plus de vingt ans, il connaît personnellement Ajit Gulabchand, le président du CA du groupe HCC, de leurs engagements pour le World Economic Forum à Davos. Peter Steiner sait également que son entreprise peut aider HCC. Tout compte fait, Steiner est en Suisse ce que HCC souhaite devenir en Inde: une entreprise totale du bâtiment leader sur le marché. Par ailleurs, Peter Steiner recherche toujours un successeur puissant.
Le 16 mars 2010, HCC acquiert 66 % des parts de Steiner SA et les 34 % restants suivent en 2014. En contrepartie, HCC garantit le maintien de la marque Steiner en Suisse, et même son expansion en Inde.

Les succès avec la nouvelle direction
Dans les trois années qui suivent, les recettes de Steiner SA augmentent de façon continue. Chaque année est bénéficiaire. En 2013, Steiner s’offre une nouvelle identité de marque colorée et introduit la stratégie de marque unique. Fin 2012, Steiner India Ltd. est fondée. Une grosse commande vient de la société mère HCC: la gestion de la construction du plus grand projet de développement urbain en Inde, Lavasa. Dans les années qui suivent, Steiner India obtient d’autres commandes importantes pour la construction de lotissements à Mumbai et à Pune.

Là où tout commence
Mais revenons au commencement. Retour dans le quartier zurichois d’Oerlikon où Karl Steiner achetait, il y a presque septante ans, un terrain arable sans valeur pour bâtir un empire industriel. En 2001, Steiner avait fini par abandonner la tradition artisanale de l’entreprise avec la vente de Karl Steiner Industrie AG. Il laissait ainsi de la place à un nouveau projet: Leutschenbach, le nouveau quartier urbain qui réunit logement, travail et loisirs. Steiner construit sur son site d’origine trois immeubles d’habitation comptant en tout 434 appartements. À cela s’ajoute le lotissement «mehr als wohnen» inauguré en 2015 sur le site voisin de Hunziker: 369 logements présentant un degré d’innovation maximal en termes d’architecture et d’écologie.
En outre, Steiner construit deux complexes de bureaux. En 2010, Steiner SA s’installe dans le Business Center Andreaspark. Le vénérable édifice bleu du siège de 1975 est donc libre, et cède sa place à l’immeuble SkyKey qui absorbe la dernière parcelle non bâtie sur le site d’origine.

247 Park – siège social de la Steiner India Ltd. à Mumbai.

Le projet Sereno, réalisé par la Steiner India Ltd dans la ville indienne de Pune, comprend quatre bâtiments et 180 appartements au total.

En 2010 Steiner a déménagé de son ancien siège social – construit en 1975 – au nouveau bâtiment de bureaux voisin Business Center Andreaspark.